COMMEMORATION DU 8 MAI 1945

C’était il y a 80 ans …

8 mai 1945, quelque part en Allemagne.

Mes chers parents, ma chère petite sœur,

Aujourd’hui, je prends enfin la plume avec une émotion que je n’arrive pas à décrire. Cette guerre, qui nous a volé tant d’années, tant de vies, est finie. La nouvelle est tombée ce matin : l’Allemagne a capitulé. Le monde entier doit être en train de crier sa joie — ici, sur le front, c’est un peu différent. Nous sommes fatigués, épuisés jusqu’à l’âme, mais au fond de nos cœurs, une lueur s’est rallumée : celle de l’espoir. Je pense à vous sans arrêt. À la ferme, aux repas en famille, aux rires d’avant. Pendant toutes ces années, c’est votre souvenir qui m’a donné la force de tenir, jour après jour, sous la pluie, dans la boue, sous les balles. Aujourd’hui, nous avons partagé un bout de pain et quelques chansons, maladroites et tremblantes. Nos sourires étaient timides, presque incrédules. Comment être heureux pleinement quand tant de camarades ne verront jamais ce jour ? Mais malgré tout, nous savons que ce 8 mai restera gravé comme la naissance d’une paix tant espérée. Je ne sais pas encore quand je pourrai rentrer. Peut-être faudra-t-il attendre encore un peu avant de revoir la maison, l’odeur du café le matin, et vos bras qui m’ont tant manqué. Mais je vous le promets : je reviendrai. Gardez-moi une place à la table. Gardez-moi une place dans vos cœurs, comme moi je vous ai toujours gardés dans le mien.

Je vous embrasse plus fort que jamais.

Votre fils,

Paul